Le comte et la comtesse de Tournon, Hortense Haudebourt-Lescot

Auteur : Antoinette Cécile-Hortense Haudebourt-Lescot, dit ()
Matériau : Huile sur toile
Dimensions : 69.8 x 59 cm (le compte) et 68.4 x 59 cm (la comtesse)

  • Le comte Camille Tournon dans la campagne Romaine
    Signé en bas à gauche : Haudebourt-Lescot
  • La comtesse Camille de Tournon désigne sa fille Alix le buste de son père
    Signé sur la gauche au bas du paysage accroché au mur : Haudt-Lescot

Répliques autographes des deux originaux peint à Rome en 1814 et aujourd’hui disparus

Provenance : très probablement Philippe Antoine de Tournon Simiane, (1820-1905) et Louise Tournon Siminiane (1829-1899) ; puis par descendance, Louise Hélène-Françoise épouse de Jean-Victurnien Jacques de Chabannes La Palice (1867-1939) ; puis Jacqueline Léonie (1896-1982) épouse de Jehan de Durat.

Madame Haudebourt–Lescot a été l’une des femmes artistes les plus en vue sous la Restauration, et la seule à avoir été décorée par Charles X à l’issue du Salon de 1827 comme le montre le célèbre tableau de François-Joseph Heim (Paris, musée du Louvre).
Dans sa jeunesse Hortense Lescot a hésité à se consacrer à la danse. Mais en 1809, elle rejoint à Rome le peintre Lethière, ami de sa famille récemment nommé directeur de la Villa Médicis et dont elle est l’élève affectionnée depuis l’âge de sept ans. Ce séjour italien, inespéré à une époque où les femmes sont tenues à l’écart du prix de Rome, est une révélation et elle y acquiert la célébrité. Liée à Canova, elle est admise à l’Académie de Saint-Luc et, le successeur de son maître à la villa Médicis, Ingres en personne lui dédie un portrait au crayon où elle est costumée en ciociara. Justement, le peuple de Rome, ses traditions comme ses costumes qui lui fournissent le sujet de tableaux exposés au Salon dès 1810. Ceux-ci comptent ainsi parmi les premiers exemple d’une veine que pratiqueront par la suite Victor Schnetz et Aurèle Robert. A la même époque Hortense s’attèle à deux de ces compositions les plus ambitieuses La Prédication dans l’église Saint-Laurent (1810) et surtout Le baisement des pieds de saint Pierre, acquis en 1812 par l’Etat, (Fontainebleau, musée du château). Dans cette peinture elle prend prétexte d’une scène de genre pour se représenter en compagnie de Canova, du préfet Tournon et de l’architecte Pierre-Adrien Paris au milieu du foule bigarrée y déployant avec brio son sens inné du pittoresque associé à d’indéniables qualités de portraitiste. C’est cette marque qui assura encore son succès bien après son retour à Paris en 1816 où elle est bientôt nommée peintre de la duchesse de Berry. Hortense Lescot, après son mariage en 1819 avec l’architecte Louis-Pierre Haudebourt (1788-1849) signe désormais du nom d’Haudebourt-Lescot. Plusieurs fois décorée au Salon auquel elle participera jusqu’en 1840, ses ouvrages sont alors largement diffusés par la lithographie. De Talma à Rossini, en passant par Victor Hugo, Granet et David d’Angers, son salon aura attiré l’élite intellectuelle du moment ainsi que les femmes du meilleur monde dont certaines auront été aussi ses élèves.

Effectué entre 1809 et 1816, le séjour Romain de la future Madame Haudebourt-Lescot s’est déroulé à un moment critique pour les relations politiques et intellectuelles entre la France et l’Italie. Marquée à son début par la déportation du pape Pie VII à Savone en juillet 1809, puis à Fontainebleau en juin 1812, cette époque se clos par le retour triomphal de ce dernier dans la ville éternelle le 24 mai 1814. En l’absence du Souverain Pontife, un homme allait jouer un rôle essentiel en préservant la paix civile dans une cité demeurée obstinément fidèle à la papauté. Son action exemplaire permet d’expliquer pourquoi à postériori Rome, après la chute de l’Empire, a su non seulement conserver les rouages essentiels mis en place par l’administration napoléonienne, mais encore respecter l’œuvres et les principes urbanistiques édictés par celui à qui elle doit son entrée dans la modernité. Cet homme providentiel, « mon plus jeune et mon meilleur Préfet » suivant le mot de Montalivet, c’est le comte Camille de Tournon (1778-1833) dont nous présentons l’effigie accompagnée de celle de son épouse.