Lettre d’Alexandre II Walewski à Aubaret

Lettre d'Alexandre II Walewski à Aubaret - Patrimoine Charles-André COLONNA WALEWSKI  Lettre d'Alexandre II Walewski à Aubaret - Patrimoine Charles-André COLONNA WALEWSKILettre d'Alexandre II Walewski à Aubaret - Patrimoine Charles-André COLONNA WALEWSKILettre d'Alexandre II Walewski à Aubaret - Patrimoine Charles-André COLONNA WALEWSKILettre d'Alexandre II Walewski à Aubaret - Patrimoine Charles-André COLONNA WALEWSKILettre d'Alexandre II Walewski à Aubaret - Patrimoine Charles-André COLONNA WALEWSKILettre d'Alexandre II Walewski à Aubaret - Patrimoine Charles-André COLONNA WALEWSKI
De : Alexandre Walewski II
À : Gabriel Aubaret (1825-1894)
Lieu : Prévésa, Grèce
Date : 15 janvier 1869

Lettre autographe signée avec enveloppe d’Alexandre II Colonna Walewski à Gabriel Aubaret, de Prévésa, le 15 janvier 1869.

« Mon cher Monsieur Aubaret,

N’avez-vous pas oublié un petit garçon que vous vîtes au Cannet auprès d’une mourante il y a plus de onze ans ? Ce petit garçon est aujourd’hui un grand garçon, marié et votre voisin.

Je serais heureux, mon cher Monsieur et je n’hésite pas à dire ami, d’entretenir avec vous une bonne correspondance.

Vous connaissez le malheur qui vient de me frapper ! Je viens de perdre mon père que j’aimais tendrement : c’est assez de vous dire mon profond chagrin. C’est en grand deuil que je me suis marié et voilà quinze jours que je suis de retour à Prévésa où j’ai relevé la faction de ce pauvre Castillon qui n’a pas voulu même rester 6 heures de plus à Prévésa.

Je me propose, quand la belle saison sera revenue, d’aller avec ma femme, vous dire un bonjour à Scutari, mais d’ici là, je serais bien heureux si vous vouliez de temps en temps (le plus souvent sera le mieux) me donner de vos nouvelles.

Quoique vous ayant vu bien peu et il y a bien longtemps, le souvenir que j’ai gardé de vous est entouré de souvenirs trop précieux pour que j’aie pu un instant vous oublier et bien souvent, j’ai formé le voeu de vous rencontrer. Je le réaliserai prochainement. L’Épire est très calme, malgré la proximité de la Grèce et les circonstances brûlantes du moment ; le gouvernement turc arme ses bachi-bouzouks et ses rédifs et paraît se préparer à agir au premier moment.

Les Grecs de la frontière se préparent aussi, mais leurs préparatifs ont un caractère purement défensif très marqué.

Comme fait : rien.

J’ai dû renvoyer le cavar Georgi qui est impossible dans une maison convenable ; il est intelligent et actif, mais c’est un ivrogne de 1ère force et dans ces moments-là, il est capable de tout : il était réellement dangereux à conserver malgré ses qualités. Je lui ai d’ailleurs payé son voyage de retour jusqu’à Scutari à 180 Piastres. Si vous pouvez me trouver une perfection, je vous serai reconnaissant de me l’envoyer, mais si la perfection vous paraît difficile à rencontrer en ce bas monde, je me contenterai des 2 crétins que j’ai en ce moment.

Je me mets ici entièrement à vos ordres et serai bien heureux si je puis vous être bon à quelque chose.

Je vous embrasse comme au Cannet et vous assure de ma vive affection.

Alex Walewski »