Cachet d’Alexandre Walewski au Traité de Paris

Époque : 1856
Liens :  Alexandre Walewski I
Le Congrès de Paris

Ce sceau de grande taille porte l’écu de gueules à la colonne d’argent couronnée d’or, couronne de vicomte, lion issant armé d’un cimeterre, devise USQUE AD FINES, un chevalier en armure tenant à dextre, un lion soutenant à senestre, manteau doublé d’hermine et coiffé d’une couronne de comte dotée d’un bonnet.

Il serait naturel de se demander pourquoi deux couronnes de rang différent figurent sur ce sceau ; l’hypothèse la plus recevable serait l’observation d’une prudence diplomatique à l’égard de la Russie, en posture d’adversaire vaincu au traité de Paris de 1856 tout en étant la puissance souveraine émettrice du titre dont le comte est impétrant. Cela signifierait que le sceau a été gravé pour un seul et unique usage : le traité. Ceci expliquerait aussi la taille insolite d’un cachet plus petit que celui d’un État et plus grand que celui d’un particulier. Jusqu’à la fin du XXe siècle, quelques légations et consulat de monarchies constitutionnelles européennes ont choisi cette taille de cachet pour la valise diplomatique. Une autre hypothèse consisterait à faire cohabiter deux couronnes, l’une de la tradition continentale à neuf pointes perlées, mais au lieu d’être ouverte, elle est garnie d’un bonnet rouge à l’anglaise. Quant à la couronne à cinq pointes perlées, elles correspondent à la coutume anglaise de earl, en hommage à sa belle-famille des Montagu earl of Sandwich.

Notons surtout qu’en 1856, aucune administration impériale n’est susceptible de contrôler ce sceau, puisque le Conseil du sceau des titres n’est rétabli qu’en 1859.

Le traité de Paris du 30 mars 1856 met fin à la guerre de Crimée, impose la neutralité de la mer Noire et abolit la guerre de course. Cet événement légitime l’usage du titre de comte de l’Empire, ce dont peuvent se prévaloir aujourd’hui les descendants d’Alexandre Colonna Walewski, sachant que le droit français contemporain transforme le titre en accessoire du nom. Encore faut-il préciser qu’Alexandre, sujet polonais du tsar, était impétrant d’un titre impérial français, alors qu’il n’est naturalisé qu’après 1831 par Louis-Philippe.

Philippe Lamarque,
docteur en théologie, docteur en droit, docteur ès lettres

Cette pièce a figuré à l’exposition Napoléon III et l’Italie: Naissance d’une Nation 1848-1870
(du 19 Octobre 2011 au 15 Janvier 2012) au Musée de l’Armée à Paris.