Buste d’Elisa Bonaparte (1777-1820) par Lorenzo Bartolini

Auteur : Lorenzo Bartolini

Lorenzo Bartolini. Elisa Bonaparte (1777-1820)
Napoléon pensait que les arts pouvaient servir l’Empire afin de démontrer la splendeur de l’Etat.

Les dynasties européennes ont toujours renforcé leur autorité politique et cultivé les relations diplomatiques à travers la diffusion de portraits de la famille Royale. La princesse Elisa, soeur aînée de Napoléon, commanda une grande variété de portraits en marbre de la famille Bonaparte, qu’elle vendit en grande partie au gouvernement français. Alors que Cararra était le principal fournisseur des plus belles sculptures de marbre blanc d’Europe, et qu’Elisa avait à la fois les ressources financières et artistiques en tant que duchesse, elle créa une Académie des Beaux-Arts afin d’accueillir les plus grands sculpteurs et ainsi faire de Cararra un exportateur de statues en marbre.

Elle recommanda également à Napoléon de promouvoir son sculpteur favori, Lorenzo Bartolini (1777-1850), au poste de directeur de l’Académie.

En 1809, elle commanda à Bartolini une série de bustes de sa famille proche. Après avoir vu son premier portrait, Elisa ordonna douze bustes grandeur nature d’elle-même, tous furent crées par le sculpteur ou par son atelier sous sa supervision directe (Marmatton, op. cit., p 282). Des exemplaires existent à Versailles, à la Neue-Pinacothèque de Munich, au Musée Napoleonica de Rome et au Musée Fesch en Corse. Avec sa coiffure ornée des symboles impériaux de l’abeille, de l’étoile et de la feuille de palmier, ce buste dont le présent portrait est une version, devînt l’image officielle de la nouvelle grande duchesse de Toscane.

Après avoir connu des débuts difficiles, Bartolini devînt le sculpteur italien le plus estimé de la génération après Canova. En 1797, il séjourna à Paris et travailla dans l’atelier de Jacques-Louis David où il s’adonna au style Néoclassique. Il était chargé par l’influent ministre de la culture VivantDenon, de sculpter un buste de l’Empereur pour la colonne de la Place Vendôme, qui fût par la suite envoyée à Cararra. En plus des bustes de la Princesse, Bartolini exécuta une statue de Nu de sa fille Napoléon Elisa en compagnie de son chien (actuellement au Musée d’art de Cleveland) ainsi qu’un Monument à la Grande Duchesse pour lequel un modèle en plâtre est conservé à l’Académie de Florence.

Bartolini resta le sculpteur portraitiste officiel des Bonaparte, et cela même après la chute de Napoléon. Finalement, il s’installa à Florence et profita d’un large mécénat en provenance de l’étranger, principalement par la clientèle britannique. C’est à ce moment qu’il reçut des commissions par le Comte russe Anatoly Nicolayevich Demidoff (1812-1870), l’ambassadeur du Grand Duché de Toscane du Tsar Alexandre l, qui fût également l’un des plus grands mécènes de Bartolini.

Tout au long de sa carrière Bartolini fût influencé de façon certaine par les oeuvres de Canova en Italie et en France, mais il élabora sa propre approche de l’élégance et de la pureté du Néoclassicisme. Ses portraits de la dynastie Bonaparte déclencha de nouvelles commandes de la part d’autres aristocratiques et de riches mécènes qui désiraient se voir représenter dans des compositions similaires, ce qui lui généra d’importants revenus tout au long de sa fin de carrière.

En Suède, entre 1808 et 1810, un certain nombre d’évènements dramatiques ont conduit à la chute du Roi Charles XIII de son trône et à l’élection de Jean-Baptiste Bernadotte, Prince de Ponte Corvo, un des commandants militaires haut placé de Napoléon. A Paris, la relation de l’Empereur avec son ministre de la Police, Joseph Fouché (1759-1820) 1er Duc d’Otrante, était tendue. Fouché n’a pas cessé de contrecarrer les efforts de Napoléon d’instaurer la paix entre la France et la GrandeBretagne.

En 1810, il fut ainsi congédié de son ministère mais conserva ses fonctions de gouverneur du département de Rome. Fouché continua de s’ingérer dans le travail de Napoléon et lorsqu’il apprit après son arrivée à Florence la fureur de l’Empereur, il prépara son départ pour les Etats-Unis par bateau. Forcé par le mauvais temps et par son mal de mer, Fouché retourna au port et trouva un médiateur en la personne d’Elisa Bonaparte qui organisa pour lui son installation à Aix-en-Provence.

Paul Athanase Fouché d’Otrante (1801-1886), second Duc d’Otrante, succéda aux titres de son père.
Il s’installa ensuite en Suède, où il se maria deux fois et eut des enfants. Selon la coutume familiale des Traugotts, le présent buste aurait voyagé en Suède avec le Duc, où il était conservé jusqu’à ce jour.

Ulrike Christina Goetz | Sotheby’s Paris